On a pris plusieurs initiatives en vue d’améliorer l’utilisation des ressources affectées aux soins de santé en général, mais aucune n’a attiré autant d’intérêt que la campagne Choisir avec soin, qui a été lancée aux États-Unis en 2012 et puis au Canada en 2014. Le programme s’est depuis élargi, s’implantant dans divers pays à l’échelle mondiale. Choisir avec soin (CAS) compte plus de 50 associations professionnelles qui ont contribué à plus de 330 recommandations – et ce chiffre continue d’augmenter!
En 2018, la SCSLM a accepté de devenir partenaire de la campagne CAS, se joignant à d’autres organisations comme la Société canadienne de médecine transfusionnelle, l’Association canadienne des pathologistes, la Société canadienne d’hématologie, l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé et l’Université de l’Alberta.
L’élément manquant dans la campagne CAS dans le cadre du système de laboratoire était la voix des professionnels de laboratoire médical. La SCSLM et la division des sciences de laboratoire médical de l’Université de l’Alberta se sont regroupées pour créer de telles recommandations CAS. Nous avons le plaisir de vous présenter les résultats et les recommandations de ce projet national.
par La Société canadienne de science de laboratoire médical Dernière mise à jour : juillet 2020
La phlébotomie n’est pas sans risque pour le patient et le professionnel de la santé. Bien qu’elles soient rares, des blessures par piqûre accidentelle et l’exposition à des agents pathogènes peuvent survenir. De plus, les pertes sanguines cumulatives associées aux prélèvements répétés peuvent causer une anémie iatrogène, particulièrement chez les personnes âgées, les enfants et les personnes malades. Cette anémie pourrait aggraver l’état des patients. Il a été démontré que l’emploi de mesures visant à réduire la quantité de sang prélevé atténue la gravité de l’anémie iatrogène. Ces mesures comprennent l’utilisation de tubes plus petits, l’ajout d’analyses complémentaires à effectuer à partir d’un échantillon de sang déjà prélevéet l’adoptiond’une politique fixant un volume maximal de sang pour les prélèvements.Éviter les doublons permet aussi d’éviterles ponctions multiples.
Sources
Pour obtenir des résultats fiables, il est indispensable que les échantillons que reçoit le laboratoire soient de bonne qualité. L’analyse d’un échantillon de piètre qualité peut donner lieu à des résultats trompeurs et contribue aux retards et à la reprise inutile des tests. Il faut éviter tout type d’erreur pour éliminer les répercussions négatives sur les décisions cliniques et les soins aux patients. Les professionnels de laboratoire doivent agir de manière proactive et s’assurer que tous les échantillons sont recueillis et identifiés selon les règles de l’art, indépendamment de la profession qu’exercent les personnes chargées des prélèvements.
Les échantillons de sang prélevés avant que des analyses précises soient prescrites, souvent vus comme des échantillons supplémentaires ou des échantillons de dépannage, sont souvent inutilisés et finissent par être jetés. Ils occasionnent un gaspillage de ressources de laboratoire et compliquent la gestion des échantillons. Par ailleurs, les prélèvements superflus sont un facteur contributif connu d’anémie iatrogène, qui est associée à l’aggravation de l’état des patients.
Plusieurs analytesont un profil de stabilité connu ou un intervalle minimal recommandé entre les tests. Dans la plupart des cas, les résultats d’analyse ne changeront pas durant cette période. Pour ces analytes, l’intervalleentre deux prélèvements peut être plus long que ce qui est normalement recommandé. La répétition des analyses à une fréquence plus élevée est peu susceptible de donner des résultats cliniquement importantset peut contribuer au développement d’une anémie iatrogène, quirisque d’aggraver l’état des patients. Le personnel de laboratoire peut jouer un rôle actif dans la sensibilisation aux prélèvements trop fréquents et la réduction de leur nombre.
La précision analytique des appareils modernes est très grande lorsque les résultats se trouvent à l’intérieur des valeurscommunicables et qu’il y a correspondance entre le résultat actuel et le précédent (delta check). Si l’intégrité de l’échantillon et la validité de l’exécution ont été confirmées, la répétition des analyses en cas de résultats critiques donne rarement des valeurs différentes. Par contre,l’obtention dudit résultat s’en trouve significativement retardée, ce qui a des répercussions négatives sur les soins aux patients et risque d’accroître le recours à des analyses superflues.
La surutilisation des analyses est un problème connu, et les données appuient des interventions multidimensionnelles qui misent sur les avancées des technologies d’ordonnances informatisées. Le groupage des analyses peut générer des résultats dont le prescripteur n’a pas besoin et donner lieu à des analyses en double ou à des mesures de suivi superflues. Les ensembles d’ordonnances devraient régulièrement être revus. La recherche préconise une meilleure collaboration entre tous les professionnels de la santé, y compris le personnel de laboratoire, pour réduire le nombre d’analyses superflues. Le personnel de laboratoire peut participer à toutes les étapes d’intervention, de la reconnaissance des problèmes etla formulation de commentaires à la création de documents d’information et de lignes directrices sur les ordonnances.
Les ordonnances permanentes qui n’ont pas de date d’arrêt ou de révisionpermettent la répétition des analyses pendant de longues périodes. Les ordonnances dont la validité n’est pas régulièrement réévaluéesont rarement nécessaires d’un point de vue clinique. Elles contribuent à la surutilisation des analyses de laboratoireet peuvent aggraver le risque d’anémie iatrogène.
Comment cette liste a-t-elle été créée?
La responsabilité du projet a été confiée à une équipe composée de membres de la Société canadienne de science de laboratoire médical (SCSLM) et du Programme de science de laboratoire médical de l’Université de l’Alberta. Un groupe de travail (ci-après le « comité d’experts ») a été mis sur pied après le recrutement de professionnels de laboratoire médical (PLM) chevronnés à l’aide d’une publicité de la SCSLM.Les membres du comité d’experts ont été choisis de façon à ce que la représentation géographique soit maximale, ainsi qu’en fonction de la durée et de la diversité de leur expérience de travail et de leur titre professionnel. Toutes les disciplines reconnues en science de laboratoire médical (chimie, hématologie, banque de sang, microbiologie et histologie) étaient représentées par au moins deuxmembres. Cinq rencontres virtuelles synchrones et des discussions asynchrones rendues possibles par la technologie ont eu lieu sur une période d’environ un an. Les éléments potentiels de la liste Choisir avec soin ont été proposés par les membres du Comité d’experts ou générés à la suite d’un sondage national de la SCSLM et d’une réunion dans le cadre de l’assemblée annuelle 2019 de la SCSLM. Une méthode Delphi modifiée a été utilisée pour raccourcir la liste. Nous avons effectué des revues exploratoires pour générer les données probantes à l’appui des éléments retenus.Les éléments qui reposaient sur les données les plus solides ont été soumis au conseil d’administration de la SCSLM pour approbation.
À propos de la Société canadienne de science de laboratoire médical
La Société canadienne de science de laboratoire médical est l’organisme national de certification des technologistes et adjoints de laboratoire médical et l’association professionnelle regroupant les professionnels des laboratoires médicaux au Canada. Notre raison d’être consiste à : 1) promouvoir et préserver une norme de qualité de la technologie de laboratoire médicale acceptée à l’échelle nationale, norme qui assure aux autres professionnels de la santé comme au grand public des services de laboratoire efficaces et économiques; et 2) promouvoir, préserver et protéger l’identité et les intérêts des autres professionnels de laboratoire médical et de la profession.
Nos membres pratiquent leur profession dans des laboratoires médicaux du secteur privé ou hospitalier, dans des laboratoires de santé publique, des laboratoires gouvernementaux ou des laboratoires d’institutions de recherche ou d’enseignement. Incorporée en 1937 sous le nom dela Société canadienne des technologistes de laboratoire (SCTL), la Société compte plus de 14 500 membres, au Canada et dans divers pays du monde.
Pour comprendre les données probantes recueillies en appui de ces recommandations, veuillez consulter notre base de données des recommandations.
Avez-vous des questions à propos du processus de validation utilisé pour ces recommandations? Contactez research@csmls.org pour en apprendre davantage. Vous trouverez également des renseignements généraux dans la présentation des bénévoles.